Monday, November 20, 2006

Reportage publié dans la première édition de "l'Alternative" [www.rplfrance.org]

Dossier d’Actualité :

Au cours de son hitoire, le Liban n’a cessé de connaître des périodes de tension se traduisant malheureusement dans la plupart des cas, par des conflits sanglants et sans merci sur le terrain !

Dès le début de la guerre civile en 1975, deux puissances étrangères se sont affrontées sur notre territoire, causant la mort à des milliers de personnes, détruisant nos infrastructures et déshéritant des centaines de milliers de familles…
Entre présence militaire israélienne au Sud-Liban et soutien syrien à la cause indépendantiste arabe à travers notre pays, les libanais se trouvèrent pris au piège de leur situation géopolitique stratégique , et durent payer un lourd tribu au prix de leur indépendance, leur souveraineté et leur liberté…

En effet, Le conflit entre le Liban et Israël engendra de lourdes pertes économiques, matérielles et humaines au niveau de notre pays, et la présence des services de renseignement syriens durant près de 15 ans sur notre territoire, imposa la méfiance et la peur dans chaque recoin du Liban, se traduisant concrètement par des centaines de disparitions de civils dont le sort n’a pû jusqu’au jour d’aujourd’hui être éllucidé…

Ainsi, ce volet humanitaire concernant les disparitions arbitraires perpétrées par Israël et la Syrie à l’égard du peuple libanais, sera le thème de ce dossier toujours d’actualité et qui reste malgré tout, un sujet tabou au sein des instances juridiques et politiques de « La suisse du Moyen-Orient »…

Au nom de la mémoire, de la justice et de la foi…

Les Détenus libanais de manière arbitraire :
La maccabre politique de l’oubli et du Silence…



Sourire lorsque l’envie nous prend, chantonner un beau matin de printemps, respirer librement sans se sentir coupable d’avoir commis un crime que l’on nous a imposé…Voici des actes si banals et légitimes dont doit user tout être humain sur terre, que des centaines de familles au Liban n’osent ou du moins n’arrivent à réaliser, en raison de la torture psychologique dont elles sont victimes depuis la disparition arbitraire de leurs proches remontant souvent à des dizaines d’années…

Des dizaines d’années déjà qu’elles se battent et crient leur souffrance, qu’elles déplorent et manifestent dans l’ombre, et qu’elles frappent aux portes espérant qu’une personne s’y trouve derrière, afin de les écouter et de les mener jusqu’au bout du tunnel dont l’issue semble malheureusement inéxistante.

Suite à des dizaines de témoignages reccueillis ici et là auprès d’anciens détenus libanais des geôles israéliennes et syriennes, plusieurs associations humanitaires ont vu le jour, afin de légitimer et institutionnaliser le combat des parents, frères, et enfants de ces « parias » de l’oubli, qui rêvent d’une libération proche et d’une prise en charge immédiate par l’Etat de leur « cause éxistentielle ».

Ainsi fut créé en 1996 le mouvement franco-libanais SOLIDA (Soutien aux Libanais Détenus Arbitrairement) par la nécessité de soulever au plus haut niveau la dramatique question des libanais détenus et disparus, au Liban, en Israël et en Syrie. En effet, aujourd'hui 17000 personnes sont portées disparues au Liban, un nombre indéterminé de libanais sont détenus illégalement - et souvent au secret - dans les prisons syriennes, parmi lesquels nombre de "disparus", et une vingtaine de libanais sont toujours retenus en otages dans les prisons israéliennes.

La situation des prisonniers libanais détenus dans les prisons israéliennes :

Selon SOLIDA, les forces israéliennes, qui occupèrent militairement le Sud du Liban jusqu'en mai 2000, ont eu constamment recours aux enlèvements en territoire libanais, soit elles-mêmes, soit par l'intermédiaire de milices libanaises alliées. Plusieurs centres de détention et d'interrogatoire avaient même été installés en territoire libanais, où se pratiquait la torture.
Le nombre de personnes détenues arbitrairement dans les prisons israéliennes a fluctué au cours des années (1982 - 2000). Des libérations sporadiques ayant lieu (échanges de prisonniers entre le Hezbollah et Israël), qui alternaient avec des vagues d'arrestations au Liban Sud (destinées à mater les actions de résistance menées par le Hezbollah contre l'armée occupante israélienne).
A la veille du retrait israélien du Sud du Liban, 150 libanais étaient toujours détenus au Camp de Khiam (prison sous contrôle israélien au Sud du Liban) et une vingtaine dans les prisons en Israël. Le retrait israélien a permis la fermeture du Camp de Khiam. Une dizaine de citoyens libanais restent à ce jour détenus en Israël. Il s'agit notamment de responsables de milices ayant résisté à l'occupation israélienne. Israël les garderait en otages pour « obtenir des informations sur le sort de militaires israéliens disparus au Liban », comme celui de Ron Arad en 1982.
Concernant les détenus libanais enlevés par l’Etat Hébreux, il y a par exemple le sort incertain du cheikh Al Kantar porté disparu depuis plus de 30 ans et dont on est toujours sans nouvelles. Heureusement le dénouement s’avère être quelquefois positif, malgré de longues années d’attente passées dans le noir et la souffrance…C’est pourquoi, nous devons rester optimistes et soutenir les victimes de la guerre que le temps ne saura nous les arracher de la mémoire !
A titre d’exemple,il y a le témoignage d’une ancienne détenue des geôles israéliennes,Souha Béchara 21 ans en 1988; étudiante à l’époque à l’université, et militante contre l’occupation du Sud-Liban par les forces israéliennes, elle reçoit alors la mission d’une aile du Parti communiste libanais d’assassiner le chef de l’Armée du Liban Sud (ALS), milice supplétive qui contrôlait le sud du pays pour le compte d’Israël. Souha B. échoue dans sa tentative. Elle est arrêtée et passe dix ans dans la prison de Khiam.
Selon ses propos reccueillis dans son livre « Résistante » écrit à sa libération, Souha exprime avec un talent exceptionnel le degré de souffrance et de solitude, dont sont victimes les détenus des prisons en Israël. Elle avance de la sorte ;
« Khiam ou l'enfer sans nom et sans existence. Installée dans un ancien camp militaire, la prison de Khiam a été créée en 1985.... Hérissée de miradors, la prison est en outre ceinturée par un champ de mines. ... L'absence de statut juridique de cette zone occupée contre l'avis des Nations unies interdit les missions ou les visites des organisations non gouvernementales comme celles des institutions internationales. Le Comite international de la Croix-Rouge lui-même n'est pas autorisé à avoir accès aux prisonniers. »

Afin d’éviter de plonger dans l’oubli et l’insouciance dont souffre les détenus libanais arrêtés de manière arbitraire par les autorités israéliennes lors de son occupation du Sud du Liban jusqu’en mai 2000, il est de notre devoir de réclamer haut et fort, leur libération immédiate et sans conditions. Leurs détentions s’inscrit dans le cadre d’une atteinte grave au droit international et au respet des droits de l’homme,et cette affaire mérite d’être soulevée par le conseil de sécurité des nations unies, principal garant des libertés de chacun, et du respet de l’intégrité de la personne humaine.

Il est aussi du devoir de l’Etat libanais de prendre en charge les anciens détenus qui de leur oubli dans les geôles de l’ennemi se retrouvent à leur libération, dans l’oubli des consciences de la société…

Il est regrettable de constater que des vies humaines sont toujours en danger à l’heure actuelle, mais que personne semble être interessé par ce problème national qui devrait toucher chaque individu vivant sur le territoire libanais, étant donné que si nous sommes aujourd’hui libres et que nous appartenons à une patrie que nous appellons, le « Liban » c’est grâce à ces personnes ainsi qu’à tous les martyrs tombés pour la nation !



La situation des prisonniers libanais détenus dans les geôles syriennes :


Après avoir fait le point sur la situation des détenus libanais enlevés par Israël, mettons à présent l’accent sur le sort des centaines de nos concitoyens, portés disparus depuis bien des années sur le territoire syrien.

Beyrouth, depuis la nuit des temps, centre de différentes civilisations culturelles et noyau démocratique du monde arabe ; Beyrouth de 1975 à 1990, la belle écervellée dont on a poignardé la raison et l’honneur ; Beyrouth pleure aujourd’hui ses innocents qui ont payé de leur sang le lourd prix de son indépendance et recherche les derniers disparus de sa triste histoire contemporaine…

La Syrie, Etat voisin et « pays frère », Etat dont la politique est basée sur la censure idéologique de chacun, reste muette concernant cette affaire qui touche non seulement les libanais dans leur ensemble, mais aussi tous ceux qui se battent pour une cause arabe juste et équitable.

15 ans de guerre civile, 15 ans de honte et de folie, et 15 ans après, les familles des victimes de notre effroyable histoire n’arrivent toujours pas à faire leur deuil sans le corps de leur enfants et parents, enterré quelque part en Syrie ou peut-être même sur le sol libanais…Chaque être humain étant dans sa nature optimiste, elles gardent l’espoir de les revoir un jour, qui sait peut-être demain !

Selon Wadih AL-ASMAR, Vice président du mouvement SOLIDA, Le retrait des forces d'occupation syriennes du Liban effectué le 26 avril 2005, confirme tous les jours les circuits de disparitions qui étaient utilisés au Liban. Toute personne arrêtée au Liban suivait systématiquement le même circuit depuis son lieu d'enlèvement jusqu'à son lieu de détention. Les deux dernières étapes obligatoires, avant l'arrivée en Syrie, dans ce circuit macabre étaient Anjar et Chtaura dans la Békaa. Avant d'arriver à ces deux lieux de détention, le " disparu " passait par les différentes sections locales et régionales des services de renseignements syriens.
Sur le plan des témoignages, de nombreux libanais relâchés par les autorités syriennes et rentrés chez eux n’osent avouer l’inavouable, de crainte d’être la cible d’intimidations et de plus d’isolement de la part « des services répressifs oeuvrant dans l’ombre ». Résultat : les anciens détenus vivent repliés sur eux-même, et n’arrivent toujours pas à tourner la page de ce passé qu’ils regardent avec mépris et désolation.
Joseph Hallit, 42 ans (emprisonné de 1992 à 2000), et Ali Abou Dehn, 53 ans (détenu de 1987 à 2000), figurent parmi les 54 prisonniers libérés le 15 décembre 2000 des geôles syriennes. Ce sont probablement les plus courageux de leurs camarades, étant donné que ce sont les seuls à s’adresser souvent à la presse et à œuvrer au nom de tous leurs ex-compagnons de cellule - auprès des responsables anciennement opposés à la présence militaire syrienne au Liban, des ambassades étrangères et des organisations internationales - pour la réhabilitation des anciens détenus des geôles syriennes.
Hormis leurs témoignages concernant des actes de torture et d’intimidation à leur égard ainsi qu’à leur ex-compagnons, les 2 hommes aujourd’hui libres, expliquent leur désaventure dans la société actuelle, qui refuse de les accepter et les considérer comme des citoyens à part égale.
Bien qu’ils aient pratiquement frappé à toutes les portes, leurs tentatives sont jusqu’à présent, restées vaines... Marginalisés, laissés-pour-compte et étrangers dans leur propre pays, ils tentent tant bien que mal de survivre. Survivre aux longues années de prison et à une nouvelle liberté qui n’a malheureusement pas été à la hauteur du rêve. Et pourtant, c’était bien ce rêve de liberté et de retour au pays qui leur avait permis de tenir le coup...
Ainsi, comme le rapportent les nombreux témoignages d’anciens détenus libanais, leur « séjour carcéral » n’avait rien à leur envier, et des dizaines d’innocents s’impatientent à l’heure actuelle de voir le bout du tunnel de leur vivant avant d’être dépassé par l’âge du temps et de mourir dans le noir sans avoir profité à nouveau de leur liberté légitime à laquelle ils y ont droit.
Bien plus qu’une simple violation des droits de l’homme, SOLIDA précise qu’il s’agit d'un crime contre l'humanité tel que défini dans le statut de Rome instaurant la Cour Pénale Internationale. L'article 7 de ce même statut, précise que les "disparitions forcées" constituent des crimes contre l'humanité, lorsqu'ils sont commis "dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique lancée contre une population civile et en connaissance de cette attaque".
D'autre part dans le même article est précisé que, "par disparitions forcées, on entend les cas où des personnes sont arrêtées, détenues ou enlevées par un État ou une organisation politique ou avec l'autorisation, l'appui ou l'assentiment de cet État ou de cette organisation, qui refuse ensuite d'admettre que ces personnes sont privées de liberté ou de révéler le sort qui leur est réservé ou l'endroit où elles se trouvent, dans l'intention de les soustraire à la protection de la loi pendant une période prolongée". Ces deux définitions s'appliquent parfaitement dans le cas des disparitions forcées pratiquées par la Syrie, ajoute-til.
Sur le terrain des actions ; depuis le 11 avril 2005, le Comité des familles de libanais détenus en Syrie ont entamé, pour une durée indéterminée, un sit-in devant le siège de la représentation des Nations unies à Beyrouth (ESCWA) pour demander qu’une solution juste et humaine soit apportée à cette question. Il n’est plus acceptable que de pauvres gens paient le prix des erreurs politiques de certains survenues par le passé, au nom de la censure, du silence et de l’irresponsabilité !
Il est temps que les hommes de paroles prennent des mesures immédiates face à ce drame humain qui fait des parents des détenus libanais des « doubles victimes » ; Une première fois après qu’on les leur ai arraché leurs proches de leurs foyers ; une autre fois suite au long silence qui les laisse meurtris, sans savoir s’ils doivent faire leur deuil à jamais ou s’ils doivent continuer à espérer le retour indéterminé de leurs proches !
Quelle personne sur terre accepterait-elle de faire souffrir de la sorte de pauvres innocents qui s’ils sont (espérons-le) vivants, ne demanderaient rien d’autre qu’une lueure de liberté, loin de ce monde de brutes et de fanatiques du pouvoir… ?
Que nos concitoyens soient dans les prisons Israéliennes, syriennes, ou tout simplement morts ; il est du devoir de chacun, d’œuvrer à leur retour imminent auprès de leurs familles, et réclamer que justice soit faite !
Ce dossier n’a aucune visée politique ou idéologique, mais tout simplement le souhait de faire la lumière sur le sort des « martyrs de l’insouciance » et de tourner à jamais la page froissée de notre histoire, afin d’avancer main dans la main vers un avenir meilleur, sans avoir à culpabiliser un jour sur notre passivité concernant ce dossier…

A tous ceux qui n’ont toujours pas une idée de la douleur que peuvent ressentir les proches de détenus libanais plongés dans l’incertitude ; je voudrai terminer sur cette phrase reccueillie par Wadih AL-ASMAR auprès d'un enfant de 6 ans dont le père est un disparu :

"je voudrais être mort, car une fois au ciel je saurai ou est mon père "…

…A bon entendeur ;

Mroué Houssam

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